Arnaud devait travailler sur ce sujet de dissertation concernant l’art : “L’art naît de contrainte, vit de lutte, meurt de liberté” (André Gide, L’évolution du théâtre ) Je lui ai proposé de l’aborder en méthode Mellerio. Faire sur Google : “Mellerio reforica.info”. On y trouvera une technique de dissertation que j’ai appelée le “deux-cents mots”. Voici donc :
A. Texte initial d’Arnaud
B. Texte d’Arnaud après propositions de Roger
C. Version de Roger
D. Question d’Arnaud : Comment réviser pour approfondir sa culture générale ?
A. Texte initial d’Arnaud :
1. « Contrainte », « lutte » et « liberté » peuvent être entendus à la fois comme rapport au pouvoir politique et comme règles imposées par la tradition. Trois parties: contrainte, lutte et liberté mais je ne sais pas si c’est une bonne idée.
2. Contrainte: ce sont les règles que chaque époque impose à ses artistes: la règle des trois unités pour le théâtre classique, celle des genres imposés aux artistes, poétes, peintres ou sculpteurs ou musiciens (le sonnet en poésie, le paysage en peinture, le nu féminin ou masculin en sculpture, la tonalité en musique…), ce qui est représentable et ce qui ne l’est pas (la « bienséance » par exemple, le vraisemblable…)
3. Lutte: chaque artiste « désobéit » pour imposer une oeuvre originale: Hugo et Hernani, le drame romantique qui bouleverse les vieilles règles du théâtre classique, les Impressionnistes, le Surréalisme… La Princesse de Clèves crée le « roman moderne » en refusant les vieilles techniques romanesques du roman. Grande idée de Gide: il faut des contraintes qui sont le tremplin pour la création et l’invention. Créer, c’est s’opposer.
4. Liberté: s’il n’y a plus de règles, on ne peut plus les enfreindre et donc il n’y aurait plus de création. Idée contestable: aucune époque n’a renoncé à toute règle. La nôtre, qui semble du point de vue artistique totalement anarchique est en fait très attentive à l’histoire de l’art comme catalogue de références auquelles elle se réfère constamment et qui la limite. Les époques où la création semble tarie ne sont pas celles ou la liberté est trop grande mais au contraire où il n’y a plus de liberté.
(271 mots)
B. Texte d’Arnaud après propositions de Roger :
1. « Contrainte », « lutte » et « liberté » peuvent être entendus comme rapport au pouvoir politique et règles imposées par la tradition.
2. Contrainte : ce sont les règles que chaque époque impose à ses artistes: la règle des trois unités pour le théâtre classique, celle des genres : le sonnet en poésie, le paysage en peinture, le nu féminin en sculpture, la tonalité en musique… Ajoutons ce qui est représentable et ce qui ne l’est pas comme la « bienséance » ou le vraisemblable…)
3. Lutte : chaque artiste refuse la contrainte pour imposer une oeuvre originale. “La Princesse de Clèves” de Madame de La Fayette crée le roman moderne en refusant les règles du romanesque baroque. “Hernani” de Hugo bouleverse les règles du théâtre classique et crée le drame romantique. Les impressionnistes, les surréalistes en font de même. Les contraintes refusées sont un tremplin pour la création et l’invention. Créer, c’est s’opposer.
4. Liberté : s’il n’y a plus de règles, on ne peut plus les enfreindre et donc il n’y aurait plus de création. Cette Idée est contestable: aucune époque n’a renoncé à toute règle. La nôtre semble du point de vue artistique totalement anarchique. Mais elle reste très attentive à l’histoire de l’art comme catalogue de références auquelles elle se réfère constamment et qui la limite. Les époques où la création semble tarie ne sont pas celles ou la liberté est trop grande mais au contraire celles où il n’y a plus de liberté.
(250 mots)
Explication des propositions de Roger :
1. 271 mots, c’était un peu long, bien au delà des 200 mots. J’ai donc tenté de resserrer mais on ne peut guère descendre en dessous de 250 mots.
2. Ce qui est important c’est le travail du style : un français simple et correct.
3. Sous cette forme, votre texte prend, il me semble, une force accrue.
4. En gardant la même qualité d’écriture on peut amplifier le texte de 250 à 600 mots (dissertation courte) ou à 800 (dissertation longue).
C. Version de Roger. Cette version n’est pas un corrigé, simplement le même sujet est pris sous un autre angle.
1. Quand il parle d’art Gide songerait d’abord au théâtre. Il parle de “contrainte” et de “lutte” au singulier alors que le lecteur attendrait plutôt deux pluriels. Il semble assimiler l’art à une personne dont il décrirait les trois étapes de la vie. Significativement, il manque le “et” dans “et meurt de liberté”.
2. La “contrainte” c’est d’abord celle du materiau, marbre pour le sculpteur, mots pour l’écrivain, mais aussi les règles auxquelles l’artiste ou l’artisan devrait se soumettre. La “lutte” est celle qu’il mène contre soi et contre les autres, luttes sociales ou politiques. Il crée ses propres contraintes. La “liberté” est celle de la facilité, de l’abandon. Le créateur se répète. n’ouvre plus de chemins.
3. L’art est un mot abstrait qui recouvre des œuvres concrètes. En même temps coexistent des œuvres à l’un des trois stades. Cette situation crée chez le public une sensation de foisonnement.
4. Peut-on imaginer des œuvres qui présenteraient simultanément les trois états ? Cela paraît impossible et pourtant c’est ce que fait Baudelaire dans les Fleurs du Mal. Il pratique une forme toute classique, traite des sujets romantiques ou réalistes avec des fulgurances qui annoncent le symbolisme.
(195 mots)
D. Question d’Arnaud : Comment réviser pour approfondir sa culture générale ?
Réponse de Roger : Il n’y a pas de révision mais un approfondissement personnel à poursuivre. Voir la fiche
06 EDU culture (2007_12_05) repères.
Je reste à votre disposition pour lire éventuellement et prolonger vos quarante mots ou vos deux-cents mots.
En cultivant ainsi votre différence, vous créerez l’intérêt de vos lecteurs et… correcteurs.
Roger et alii
Retorica
(6.000 caractères)